Les Limites de la Consanguinité

	Paru le 15/03/2003
	Rédigé par Cécile AUGIER

Les Limites de la Consanguinité : osons en parler !

Voici les photos d’une pouliche Hydrocéphale*, née en France en 2002.

La gestation s’est déroulée normalement ainsi que la mise bas ; il faut cependant reconnaître que la jument a eu beaucoup de chance étant donné la taille et la forme disproportionnée de la tête de sa pouliche (un ballon de foot). En effet, elle aurait pu lors de l’expulsion avoir, entre-autre, l’utérus déchiré par les os saillants du crâne. Le taux de consanguinité du produit était de 5.08 %.
Cette année, il y a un mois environ, la même jument pleine d’un étalon différent a avorté à 5 mois du terme (problème de cordon ombilical enroulé autour d’un membre) d’un poulain mâle cette fois-ci, mais lui aussi Hydrocéphale*. Le taux de consanguinité du produit était de 2.73 %.
Si l’avortement n’avait pas eu lieu, la jument aurait, tout comme l’année dernière, poursuivit sa gestation normalement jusqu’à son terme, au risque d’avoir un incident lors de la parturition.
On constate donc que dans ce cas, le problème génétique venait sans nul doute de la jument ; mais par forcément directement puisqu’elle avait auparavant mis au monde plusieurs poulains et pouliches, apparemment tous sains et prolifiques si l’on en juge par la descendance de ses filles et petites filles. Les deux produits Hydrocéphales* étaient issus d’étalons stamboek bien différents de par leurs origines ( pour leur père : un de la lignée Ritske et l’autre de la lignée Mark et de lignées maternelles, elles aussi différentes : Stam 115 et 145).
Peut-être avait-elle un problème génétique sur l’un ou l’une de ses ancêtres du côté maternel
ou paternel ou bien encore une mauvaise combinaison de sang dans ses origines, qui en vieillissant est réapparue sous cette forme, mystère !
Cela doit tout de même nous faire réfléchir car personne, éleveur professionnel ou simple éleveur amateur n’est à l’abri des méfaits de la consanguinité chez le Frison.
Bien sûr c’est un sujet tabou, malheureusement pourtant bien réel, dont nous devons essayer au mieux de nous prémunir.
Il faut savoir que le taux de consanguinité tel qu’il devrait apparaître sur les papiers est bien supérieur à celui retranscrit. Tout simplement car le calcul ne prend en considération que quelques paramètres. Aussi un frison qui affiche autour de 3 % de consanguinité, en réalité, il avoisinerait plus les 25 % … alors que dire d’un produit qui en a 8, voire 11 % ou même plus.
Cela ne veut pas dire pour autant que ces chevaux au taux de consanguinité élevé vont mal reproduire, mais peut-être qu’une ou plusieurs générations après vont ressortir des malformations congénitales, à méditer. D’ailleurs le FPS ne fait-il pas attention dans sa politique de sélection au taux de consanguinité des étalons stamboek.

La Génétique est une science bien complexe et mystérieuse, mais néanmoins fascinante.

                                                                                                                        Cécile AUGIER

*Hydrocéphale : atteint d’hydrocéphalie soit une augmentation de la quantité de liquide céphalo-rachidien contenu dans le crâne, entraînant une augmentation du volume du crâne (dilatation).Le cerveau est ses enveloppes font hernie hors du profil normal de la tête.
L’hydrocéphalie est peu commune, mais elle est généralement une cause de dystocie
(accouchement difficile) chez la jument, fatale pour le foal.
Elle peut être interne (liquide retenu dans les ventricules cérébraux) ou
externe (liquide autour du cerveau, dans les méninges).
Les hydrocéphales sont de pronostic grave.