Le Cheval Frison : une morphologie si particulière

Paru le 24/01/2004
Rédigé par Nathalie DUMONT

 Le Cheval Frison : une morphologie si particulière


Loin de moi l’idée de vous faire un cours sur les jugements de chevaux, je n’y ai pas été formée et ne me permettrais pas de jouer les profs ! Mais suite aux concours, nous avons eu la demande d’infos sur ce qui est « un bon cheval » et un « mauvais cheval », alors pourquoi ne pas vous faire partager certaines théories provenant des cours que j’ai pu suivre ces derniers temps, ceci vous permettra peut-être de comprendre mieux les jugements ?
D’abord, pour moi il n’y a pas de « mauvais cheval », parce que tout le monde doit pouvoir trouver, comme on dit « chaussure à son pied » dans la race et que le cheval « parfait » n’existe pas, tout dépend des goûts, de l’utilisation que l’on en fait et des critères de jugement que l’on se donne , parce qu’il faut bien le reconnaître c’est l’homme qui définit au fil des temps ces critères de sélection et de beauté (idem chez nous pour les mannequins et la mode), et ces critères changent au fils des siècles. Alors, évidemment si vous souhaitez entrer dans le système des concours d’élevage, vous devez vous attendre à ce que votre cheval soit soumis aux critères de jugement du moment et parfois accepter de remettre en question vos propres idées de la beauté. Et si vous n’êtes pas prêts à cela, il n’est même pas conseillé de participer à ce genre d’épreuve sous peine de déception, à moins d’apprendre un peu ce que sont vraiment ces critères et d’être ce que l’on appelle un « averti ».

UN PEU D’HISTOIRE

Pour le frison c’est le stud-book (FPS) qui depuis sa création comme vous le savez sûrement a fixé ces critères et continue à les définir. Et notre beau destrier noir a subi plusieurs modifications morphologiques au travers des siècles. Comme son utilisation a changé, les objectifs d’élevage ont eux aussi changé en fonction du type de chevaux désirés et même avant que le FPS soit fondé.
Au Moyen-Âge, cette race servait aux chevaliers, ces chevaux étaient lourds et baroques, capables de porter un homme en armure et d’être assez imposants pour impressionner l’ennemi. Au 18èmeet 19ème siècle, les chevaux frisons étaient connus comme trotteurs. Et pour produire un trotteur il fallait un type d’équidé aux longs membres. A la fin du 19ème, il était cheval d’attelage, fierté des fermiers. Dans la première moitié du 20ème siècle, le frison a servi principalement de trait léger dans les fermes. Il était souvent court de membres, se tenait sous lui du devant et muni d’un large poitrail, cette particularité étant requise pour la traction d’une lourde charge. On peut encore voir des clichés d’étalons de ce type dans le livre des étalons de cette époque.

DIFFERENTS TYPES :
On distingue encore de nos jours trois types de chevaux frisons :
· Le type selle
· Le type attelage
· Le type trait
La conformation d’un cheval dépend des objectifs d’élevage qui sont basés sur l’utilisation de ce cheval.
Le type trait n’est actuellement plus recherché de nos jours bien qu’il se rencontre encore du fait d’anciennes caractéristiques de sélection qui mettent plusieurs générations à disparaître de la race.
Les types attelage et selle sont des chevaux dont les postérieurs sont capables d’engagement et de soutien avec des épaules obliques et de longs avant-bras afin d’obtenir des allures étendues et aériennes. Une encolure verticale lui permettra de relever plus facilement son avant-main.
Désormais, le stud-book souhaite voir des chevaux aux longs membres, en particulier avec de longs avant-bras et une arrière-main puissante ; avec de l’énergie, qualité requise pour l’utilisation dans les divers sports équestres, tout ceci sans perdre les caractéristiques typiques de la race frisonne. Les deux types doivent avoir des allures fluides avec cette action provenant de l’arrière-main lui permettant le soutien de l’avant-main. Pour un cheval d’attelage, beaucoup d’action du genou est souhaitable (combinée bien sûr avec une bonne amplitude de foulée venant de l’arrière-main), alors que l’action du genou n’est pas toujours appréciée chez le cheval de selle.

LA CONFORMATION INFLUE SUR LE FONCTIONNEMENT

Même s’il est vrai que le caractère et le tempérament du cheval peuvent compenser certains problèmes de conformation, il est préférable d’avoir à la base un cheval d’une bonne conformation pour se faciliter la tâche lorsqu’on commence à travailler avec ce cheval. Sans rentrer dans le détail, voici quelques points importants à connaître.
Il faut rechercher un cheval fait de trois parties équilibrées : Avant-main, corps, arrière-main. Une avant-main trop forte par rapport à l’arrière-main est un handicap lorsque l’on aborde le dressage rassemblé. Il est aussi préférable d’avoir un cheval « construit en montant » (dont le garrot est plus haut que la croupe) pour l’équilibre naturel qu’il possèdera et la facilité de soutien de son bout de devant. Un cheval fait en descendant (attention bien souvent les jeunes chevaux dont la croissance n’est pas terminée sont souvent construits de la sorte) sera sans cesse à la recherche de son équilibre et aura tendance à précipiter l’allure.
En principe, le frison possède une encolure plutôt greffée verticalement, mais dont sa base ne doit pas être trop lourde et trop épaisse à la sortie du poitrail. Héritage des chevaux baroques, son port de tête haut facilite la mise en main, mais lorsque l’on demande à certains frisons de s’étendre vers le bas et de tendre leur ligne du dessus, de par leur conformation ce n’est pas toujours simple. L’encolure chez le cheval doit servir de balancier dans les allures, donc à l’aider à s’équilibrer. Chez le frison, on rencontre encore assez souvent des encolures trop courtes et épaisses qui ont tendance à rester figées en position haute dans les allures.
Le dos du frison ne devra pas être trop long, un dos légèrement creux est cependant autorisé. Certains utilisateurs disent qu’ils préfèrent un dos plus long pour sa souplesse par exemple en attelage dans les obstacles, je le comprends aisément. Mais un dos long devra être compensé par une croupe longue et puissante. Un dos trop court et trop compact (voir en forme de voûte) n’est pas agréable sous la selle et un tel cheval sera plus difficile à incurver (fléchir longitudinalement) sur le cercle.
La conformation des membres d’un cheval affectera aussi ses déplacements, sa longueur de foulée autant que l’aisance du cheval et la souplesse de ses allures. Les problèmes d’aplombs engendrent bien souvent des problèmes de tares dures ou de tares molles. Dans certains cas celles-ci peuvent être d’origine traumatique, suite à un travail mal adapté (usure des articulations ou manque de protection) ou bien ils peuvent aussi être d’origine congénitale ou faire suite à un mauvais entretien des pieds du poulain.

Pour ceux qui sont intéressés ou se lancent dans la reproduction, rappelons que le stud-book met à la disposition de ses membres des outils intéressants qui peuvent leur permettre d’apprendre à mieux connaître leur cheval (lineair-scoren) et pour les éleveurs de pouvoir améliorer leur production (index des étalons). Il leur reste bien sûr à faire cette démarche personnelle de vouloir s’informer et de peaufiner sans cesse leurs connaissances puisque les caractéristiques raciales évoluent régulièrement en fonction des étalons sélectionnés ; j’en veux pour preuve qu’une jument déclarée Ster il y a dix ans ne ressemble plus beaucoup à une jument Ster de nos jours, idem pour les étalons.

RESUME DES PRINCIPALES QUALITES A RECHERCHER CHEZ LE FRISON :

· Une encolure bien orientée (en col de cygne), suffisamment longue et bien greffée, nuque longue pour permettre un placé libre de la tête.
· Un épaule longue et oblique. (amplitude des allures)
· Un garrot long et un dos plutôt court et bien musclé (soutien de la selle et du cavalier)
· Un rein large et musclé
· Passage dos, rein et croupe harmonieux
· Une croupe longue et légèrement inclinée (facilite l’engagement et le rassemblé)
· Des muscles fessiers longs et développés
· Des avant-bras longs et musclés
· Des membres forts aux articulations sèches (exemptes de tares molles ou dures)
· Des aplombs corrects


Nathalie DUMONT


ESSAI : Croquis d’un Cheval Frison très loin du type idéal !!!

Si je me suis essayée à vous dessiner ce petit croquis, ce n’est pas dans le but, vous l’avez compris de vous montrer mes talents artistiques (d’autres sont sûrement plus doué)
mais bien pour vous aider à visualiser les défauts majeurs chez le cheval Frison…
rassurez-vous rare est celui qui en cumule autant.

dessin.jpg

« Cheval construit en descendant »

. Postérieurs avec un jarret droit ou trop ouvert - placés sous lui
. Croupe courte et avalée
. Dos long et mou
. Garrot coup de hache et effacé/plat
. Encolure courte, attachée haut dans le poitrail, gorge de pigeon
. Nuque courte, passage tête/encolure lourd
. Tête longue, sans luxe
. Poitrail avancé
. Epaule courte et verticale
. Antérieurs courts, canon long - placés sous lui
. Membres faibles (fins) par rapport à la masse

Cécile Augier


NB : Pour vous aider vous pouvez aussi consulter un manuel d’hippologie comme par exemple celui page 75 du Manuel Officiel de Préparation aux Examens Fédéraux d’Equitation - Volume II - Examens D’Argent.


DEFAUTS PARFOIS RENCONTRES CHEZ LE FRISON :
· Encolure courte ou à l’envers (pas ou peu de balancier, gorge de pigeon)
· Epaule trop courte et verticale (manque d’amplitude et de soutien)
· Dos long et mou (cheval ensellé qui peut difficilement se tendre)
· Croupe trop courte et cassée (manque de puissance et de soutien)
· Membres trop courts, surtout les avant-bras (manque d’amplitude dans les allures)
· Problèmes d’aplombs : Jarrets trop droits ou trop ouverts (l’articulation ne joue plus son rôle d’amortisseur et risque d’accrochement des rotules), jarrets coudés (fragilisation de l’articulation et usure prématurée du cheval), panard du devant (cheval qui billarde et risque des atteintes)